
Dès son avènement au pouvoir en avril 2016, le président Patrice Talon a tout montré d’un homme de rigueur aigue. Intransigeant, obstiné, déterminé, c’est le prototype d’homme d’état qui ne revient jamais sur ses décisions nonobstant le mécontentement populaire. Mais un jour, face à une décision très controversée, la pression populaire change la donne pour la première fois. La fameuse taxe sur les services de communications électroniques.
Ce fut une journée noire pour les internautes béninois et tous les utilisateurs des services électroniques de communication ; le 19 septembre 2018, date de mise en application du « décret N°2018-341 du 25 juillet 2018 portant introduction d’une contribution sur la consommation des services de communication électroniques fournis par les réseaux ouverts au public en république du Benin ». Le cout des communications électroniques a connu une flambée spectaculaire avec même un système de tarification à double vitesse (avec ou sans réseaux sociaux pour l’internet). C’était l’amertume totale. Le gouvernement est accablé de critiques et d’injures de toutes sortes. La décision est critiquée par les professionnels, les acteurs politiques de l’opposition même de la mouvance présidentielle. Les partis d’opposition et les organisations de la société civile décident de ne pas laisser faire.
En réaction, l’association des blogueurs du Benin lance la campagne #TaxePasMesMo qui devient un véritable mouvement d’ensemble.Une pétition qui a été accompagnée d’une action de désabonnement de milliers d’internautes de toutes les pages du gouvernement et des ministères sur les réseaux sociaux. Une opération qui a pris une envergure extraordinaire. Les web activistes et les start-up donnent de la voix et expriment leur indignation. La colère populaire a atteint son pic. Le désamour entre le gouvernement et le peuple était une évidence.
Patrice Talon coincé, embarrassé, dos au mur et sans alternative immédiate décide de faire demi-tour pour la première fois devant la pression populaire après seulement trois journées d’intense activisme.
Le 22 septembre après une réunion avec les deux opérateurs mobile MTN et Moov, Patrice Talon décide d’abroger ledit décret. C’était la première grande fois que le président Patrice Talon connu pour son obstination et son intransigeance fait marche en arrière devant la pression populaire depuis son avènement au pouvoir.