Par Charlotte EZEBADA
Fondatrice de Women and Power Association
A l’époque de la préhistoire, pendant que les hommes affrontaient le monde extérieur pour ravitailler la maison, la femme s’occupait du foyer et des enfants. La femme était donc perçue comme un être faible nécessitant soin et protection. Ainsi dans cette vieille société, la vocation première même de la femme lettrée et professionnelle qui s’assume, est de rester au foyer, comme épouse fidèle, mère des enfants, responsable de toutes les tâches domestiques. Elle n’avait presque pas la parole et tout se décidait en son nom, parfois contre son avis.
Les inégalités de genre sont donc restées au fil des années,profondément ancrées dans toutes les sociétés, suscitant des luttes, des mouvements et des combats de tout ordres pour faire sortir la femme de ce profond gouffre qu’est la non reconnaissance de ses droits. Mes pensées vont à l’endroit d’Angela Davis. Cette grande figure du mouvement noir américain qui était également membre des Black Panthers et qui s’est vaillamment battue pour les droits des femmes par le Black féministe. Son engagement lui a même valu environ 16 mois d’emprisonnement et une haute surveillance du FBI étant soupçonnée d’avoir participé à une prise d’otage. Parcours élogieux et luttes courageuses. Aussi vont-elles à Leymah Gbowee, la mère de six enfants qui a survécu à deux guerres, déclenchée une grève du sexe et fait tomber un tyran. La brave femme a reçu le prix Nobel de la paix en 2011 grâce à son combat pour les femmes et pour la justice. Et j’en oublie volontiers.
Il est indéniable de reconnaître que l’égalité des sexes est un droit humain fondamental. C’est également un facteur essentiel dans la lutte contre la pauvreté, et pour la garantie d’une paix durable.
Au 21ème siècle, les luttes féminines n’ont pas changées d’objectif. Elles sont devenues plus houleuses et constituent le centre d’intérêt de nombre d’activistes, de féministes, des associations de la société civile, des institutions voir les gouvernants. Cependant, pour plus d’impact à long terme, les stratégies de luttes sexistes doivent être revues et réadaptées à chaque société en tenant compte des fondements de base et de l’évolution de cette dernière.
Les femmes doivent s’imposer par leur savoir et leur enseignement
“Lorsqu’une femme a de la compétence, elle a toutes les chances de réussir”. Cette idéologie que je fais mienne, se justifie de par les nombreuses opportunités et avantages qu’offre le terrain de l’emploi de nos jours. Il est souvent fait mention sur les appels d’offre: “Les candidatures féminines sont fortement recommandées”, cette phrase est devenue le mot de fin de presque toutes les opportunités de travail ou de bourse disponibles sur le marché. Mais sans la compétence, peut-on revendiquer une place? Actuellement dans la lutte pour l’égalité des sexes, le renforcement des compétences des femmes qui se veulent influencer la société ne devrait pas être occulté. Les femmes doivent remplir sur tous les fronts, les conditions nécessaires pour correspondre aux profils recherchés. Ce n’est qu’à cette condition qu’elles pourraient s’imposer, se faire entendre sur leurs avis, leurs analyses et leurs décisions.
La femme a donc besoin d’avoir une bonne éducation formelle sans oublier le savoir-être et le savoir-vivre qui fait d’elle la perle rare recherchée. Chaque femme doit opter pour la méritocratie qui la rend incontestable dans son domaine de prédilection. Parlant d’une éducation formelle, les luttes féminines actuelles doivent plus prendre en compte, la scolarisation de la jeune fille, son maintien à l’école et ensuite l’accompagnement dans son choix de carrière. La femme de demain est la fille aujourd’hui.
Les hommes doivent être impliqués
“Les femmes deviennent les rivales des hommes”. La tonalité de ce fait réel peut sembler sans importance pour plusieurs. Néanmoins elle génère des tensions et des situations de troubles dans notre société actuelle. Les femmes veulent arracher le pouvoir aux hommes, elles veulent renverser les fondements de notre société et créer s’il leur était permis: une société purement matriarcal.
Elles mélangent sans s’en rendre compte des luttes et elles provoquent la rébellion des hommes qui j’affirme, devraient être leurs alliés. Michelle OBAMA, la première femme noire ayant fait son entrée dans la maison blanche en 2009, au côté de son époux Barack OBAMA a bien su emprunter ce chemin et montrer la voie à plusieurs. La brillante avocate et écrivaine a su faire de son histoire, de sa personnalité et de son style, une force afin de s’ériger en tant que symbole politique et social.
Très influente au sein du parti démocrate local des États-Unis, elle a usé de toute sa force de frappe, pour propulser son mari haut dans sa carrière politique. Elle a également lancé plusieurs programmes de lutte contre : l’obésité, la cause LGBT, les familles des militaires et l’accès aux études supérieures. Elle n’a pas pris son époux en rivale mais plutôt en allié.
Je pense que les femmes dont les droits sont bafoués ne peuvent pas faire évoluer les usages à elles seules. Seul un effort collectif peut modifier les stéréotypes de genre véhiculés par les pratiques sociales, les médias et les institutions, du moment où la société n’est pas composée que de femmes. Les hommes sont donc, sans ambages des associés incontournables pour changer durablement les attitudes à l’égard des femmes et assurer le respect de leurs droits.
Plus encore, force est de constater qu’à notre époque, le combat des femmes est essentiellement porté par les femmes elles-mêmes. Or, les rôles de pouvoir sont majoritairement occupés par les hommes. Au lieu de considérer les femmes et les hommes comme des groupes opposés dont le gain de pouvoir pour l’un impliquerait une perte de pouvoir pour l’autre, il s’agit plutôt de favoriser des relations de soutien mutuel.
Les garçons et les hommes sont des partenaires égaux des filles et des femmes. Le contraire nous amènera un jour à lutter pour le respect des droits des hommes car, marginalisés seront- ils dans la société.